mardi 16 septembre 2014

Dans la Cour (Pierre Salvadori)

Antoine (Gustave Kervern, pas mal en Mezrahi tristounet), un musicien dépressif qui vient de tout laisser tomber, commande une vie tranquille à Pôle Emploi. Résultat, il se retrouve concierge dans un immeuble parisien.
Il survit. Il est malheureux mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Il semble juste lassé de la vie. Il cherche à s'en échapper. Pour cela, il se drogue. (Juste) un petit peu chaque jour, mais suffisamment pour tenir et pouvoir dire que cette chienne de vie vaut (au moins un peu) la peine d'être vécue.
Un immeuble à peu près comme les autres, plein de copropriétaires, dont Mathilde (Deneuve, assez quelconque), une néo-retraitée anxieuse, et elle aussi légèrement dépressive. Son nouveau statut ne l'a en effet pas du tout soulagée, bien au contraire. Elle panique, tente désespérément de se raccrocher à quelque chose, une cause, un projet, n'importe quoi qui pourrait lui faire oublier qu'elle vieillit, que ses beaux jours sont derrière elle, très loin. Son mari, sympathique mais transparent, ne la comprend pas vraiment. Il est gentil mais, dans un tel contexte, ne lui sert à rien.


Elle va alors s'en remettre à Antoine, la bonne poire, le mec qui dit oui à tout, le gars qui ne blesse jamais personne (« ce qui est bien avec les gens pas sûrs d'eux, c'est qu'ils s'appliquent »). Il est timide, effacé, parle dans sa barbe. Il est gentil et manque clairement de poigne pour le job. C'est donc en s'excusant qu'il demande à l'un des voisins de libérer la cour d'une cinquantaine de vélos, et sans conviction qu'il tente de refuser l'accès aux locaux à un démarcheur/squatter.
Bref, Antoine et Mathilde font un petit bout de chemin ensemble. Ils sont là l'un pour l'autre, plus ou moins. Il n'aime pas les endives mais il en mange quand même, car elle semble ne savoir faire que ce plat. Il l'aide pour sa cause (sauver l'immeuble d'un très hypothétique effondrement) en collant des affiches, en passant chez le traiteur. Mais son atout, surtout, c'est qu'il ne tente pas de la dissuader.


Tout cela est bien gentil mais, sincèrement, on s'en fout un peu. C'est montré très (trop) légèrement. Ils ne se parlent vraiment qu'une fois (« je vous comprends »). Le reste du temps, ils cohabitent. C'est un peu comme s'ils avaient laissé la télé allumée, histoire d'avoir une présence. Un peu comme si chacun n'était finalement que la caution de l'autre : une personne capable théoriquement d'alerter l'autre mais qui, en réalité, ne le fera jamais. Comme une télé, donc.
C'est mignon mais c'est chiant. Comme tous ces copropriétaires inutiles et caricaturaux. Inutiles comme ce voleur de vélos-ancien espoir du foot-drogué, caricaturaux comme ce bourgeois stressé horripilant. Par ailleurs, le début du film sonne faux, monté de toutes pièces. C'est censé être poétique, beau et doux. J'ai juste vu un truc bâclé et sans réel intérêt. Comme l'impression d'avoir perdu mon temps ou d'être complètement passé à côté..

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