dimanche 19 janvier 2014

Game Change (Jay Roach)

Campagne présidentielle de 2008, John McCain et son équipe, loin derrière Obama dans les sondages, cherchent une solution choc. Sarah Palin, gouverneur républicaine populaire (en Alaska), fait figure de solution miracle. Conservatrice (davantage que McCain), féminine et mère de famille, elle a de nombreux atouts pour le candidat à la présidence. Il choisit alors de la nommer colistière.

Le film, efficace et sobre, montre l'envers du décor et combien l'équipe de campagne, prise dans l'urgence, s'est précipitée en sous-estimant largement les lacunes de Sarah Palin (Julianne Moore, méconnaissable en cancre politique). En effet, John McCain (Ed Harris, très ressemblant), un peu léger face à la "machine Obama" (budget phénoménal, mec charismatique, espoir du changement, couleur), a improvisé et privilégié le court-terme (7 millions de dollars récoltés en deux jours suite à l'annonce).

A la fois objet et point fort du film, le personnage de Sarah Palin, très bien porté par Julianne Moore, est extrêmement intéressant.
Elle entame son combat confiante, fière d'avoir été choisie, elle impressionne tout de suite. Toute son équipe (dont Woody Harrelson, le meneur) jubile. Puis, il y a le coup de mou : on déchante, on s'aperçoit, grâce à ses quelques bourdes et secrets, qu'elle est plus risible que sérieuse. Le parti considère finalement qu'il s'est tiré une balle dans le pied et qu'il va devoir faire avec, pour ne surtout pas perdre la face. Là, elle dérive, devient nerveuse et imprévisible.

Là, l'Alaska lui manque...
Elle est ailleurs. Elle semble déjà penser à l'après et donc à sa vie d'avant (Alaska). Elle a renoncé et perdu confiance en elle. Ses repères n'en sont plus.
Enfin, dernière phase, elle réussit à rebondir et on la retrouve requinquée après un débat victorieux face à Joe Biden.

Une scène : après sa victoire haut la main face à Biden, elle passera la nuit devant les chaînes d'infos, juste pour savourer les commentaires de ceux qui la descendaient jusque là. La confiance est retrouvée, son côté mégalo aussi. Le besoin d'être aimée (un besoin primaire, très lié à la profession, et bien suggéré dans le film). C'est ça l'esprit du film. Les politiques font ce qu'ils font et sont aussi fragiles car, peut-être plus que quiconque, ils veulent être aimés.

Autres scènes intéressantes : le moment qui précède le discours de fin de campagne pendant lequel John McCain met en garde Sarah Palin contre les récupérateurs populistes dont elle pourrait être la cible.

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