jeudi 23 janvier 2014

Lulu, femme nue (Solveig Anspach)

Lulu (Karin Viard), quarantenaire écrasée par son mari, étouffée par ses enfants, lassée de sa vie, pète un câble et décide d'aller "prendre l'air". Pendant ces quelques jours de liberté choisie, elle va errer et se laisser porter par le hasard de (belles) rencontres. Elle part en effet à la recherche d'un semblant de fraîcheur, de considération et de respect.

Le hasard faisant bien les choses, elle va commencer par le plus important : un homme qui la traite bien (Bouli Lanners, tout en subtilité). Puis, rattrapée par la vraie vie, elle va oser mettre celui-ci de côté, juste un instant. Pour aller plus loin, pour s'ouvrir et trouver encore plus. Elle en a tant besoin.
Là-bas, plus loin, elle retrouve la confiance, un peu de joie et d'entrain. Des trouvailles qu'elle compte bien partager avec tous les laissés-pour-compte qu'elle croisera ou retrouvera (une vieille dame seule à qui la jeunesse et les proches manquent terriblement, une jeune femme exploitée, et sa propre fille). Le film réussit à montrer ça (vraiment), cette sincérité, cette humilité. Et c'est en cela qu'il est à la fois beau et fort.

Karin Viard est assez remarquable dans ce rôle, même s'il faut un petit peu de temps pour se faire à son débit hésitant de femme paumée et dépendante (on a envie de la secouer). Une fois que son personnage retrouve un minimum de fierté, l'actrice se lâche et peut s'exprimer pleinement, avec tout le talent qu'on lui connaît.
Bouli Lanners, quant à lui, entouré de deux frères simplets incroyables de fraîcheur et de justesse (Pascal Demolon et le Philippe Rebbot de Mariage à Mendoza), réussit l'exploit d'exister et même de toucher. Chapeau à ces trois bons mecs pour leur réelle capacité à tirer vers le haut chacune des scènes dans lesquelles ils apparaissent.
Au fond, cette tranche de vie, ce tournant contemplatif, est un film d'acteurs, de regards, plein de tendresse, pas parfait, quelques fois maladroit même (les scènes avec la jeune exploitée ou à l'hôtel font un peu forcées), mais qui a le (grand) mérite d'éveiller.

Solène Rigot
Quelques autres points positifs pour terminer : on retrouve Nina Meurisse (trop rare!), on découvre Solène Rigot (qui ne fait aucune fausse note). La scène de l'omelette. Celle du retour à la maison (retrouvailles avec la fille). Et celle où la sœur débarque sur la côte et fait la connaissance des deux simplets.

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