dimanche 2 février 2014

Before Midnight (Richard Linklater)

Julie Delpy et Ethan Hawke. Jesse-Céline. On ne sait plus qui est qui, s'il s'agit de personnages ou de vraies personnes, si c'est un film ou la vraie vie. Et, c'est peut-être en cela que cette trilogie est forte. Cette relation. Authentique.

Before Sunrise racontait leur première rencontre. Before Sunset se penchait sur leurs retrouvailles, dix ans après, alors qu'ils n'étaient déjà plus de jeunes gens (il était marié, avait un fils).
Before Midnight parle toujours de cet amour. Mais moins. Enfin, différemment. On se concentre sur ce qu'il en reste. Là, il est davantage question d'endurance, d'usure, de rancœurs, d’égoïsme, mais aussi du poids des compromis et des effets du temps.
Il nous parle de tout ça. Enfin, ils nous parlent. Et ils parlent beaucoup. Tout le temps. Et pourtant, ils ne boivent que très peu. Les scènes (enfin, les plans) sont très longues et intenses. Il faut s'accrocher, pour ne pas en louper une miette. On est presque dans la "Newsroom" made in HBO. Il faut rester concentré. Pas toujours facile.
Vu le sujet, ça semblait risqué. On est quand même loin du romantisme des deux premiers. D'ailleurs, avait-on réellement besoin (ou envie) de connaître la suite? Non sondé et mis devant le fait accompli, je dois dire que j'y ai trouvé pas mal de choses intéressantes. Et pas mal d'échos aussi.
D'abord, je les ai retrouvés eux. Avec plaisir. Elle, un petit peu affectée, transformée (pas que physiquement), embourgeoisée. Son franglais, qui semble la combler, n'est pourtant pas très attrayant. Sans connaître son passé, je crois qu'on passe son chemin. Elle a un certain aplomb, elle a vieilli, elle semble usée.
Lui, limite macho, très impliqué quand il s'agit de son boulot d'écrivain, beaucoup moins au moment du partage des tâches "domestiques".
Ils ont changé mais semblent cependant toujours complices. Il y a un vrai ciment qui les lie. Un ciment qui ne se limite pas à leurs belles jumelles. Il y a les habitudes aussi. Ils se connaissent très bien. Elle peut lui parler seins nus pendant dix minutes sans s'en rendre compte. C'est un couple comme les autres... Toujours ensemble, mais accumulant les passifs (rancœurs, soupçons, sacrifices non reconnus, etc...).
Le film, petit à petit, au fil de longues conversations plus ou moins utiles, nous mène vers une confrontation nécessaire, dans une chambre d'hôtel, dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler le beau "Blue Valentine". Ce qui devait être une soirée légère, positive et sans enfants est devenue l'occasion d'un choc frontal. La partie du film qui sort du lot.
Deux conceptions, deux versions des faits, deux façons de vivre les choses. Chacun défendant coûte que coûte son bifteck et ne lâchant pas grand chose. On pense évidemment à la "Vie Domestique". Une autre bonne référence dans le domaine.
Une fin cucu..
Le ton monte, les reproches-choc commencent à pleuvoir. Elle y est plus sensible. Clairement. Mais lui ne veut pas la perdre. Et on n'en est pas loin. Les auteurs (eux, le réalisateur), qui savent (très) manifestement de quoi ils parlent, ont finalement choisi de finir sur une bonne note, sur quelque chose de positif : leur lien est solide et leur permet de surmonter ce genre de choses.
Il aurait pu en être autrement.  

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