jeudi 27 février 2014

Le Sens de l'Humour (Marilyne Canto)

Le premier film de Marilyne Canto, une bonne actrice, trop rare au cinéma. Elle s'inspire ici de sa propre histoire pour nous parler de la difficile reconstruction d'une femme et de son fils, quelque temps après la disparition brutale de l'homme de la maison.

Globalement, le défi est relevé, le film fonctionne et le message passe, notamment grâce au jeu des deux acteurs principaux et à quelques scènes réussies. Je repense par exemple à la première scène, toute en longueur. On y suit Marilyne Canto, en retard, s'activant pour atteindre le point de rendez-vous où est exposé le tableau qu'elle doit présenter aux touristes et curieux. Elle est guide dans un musée parisien (l'Orangerie - le Louvre). On la voit remonter l'aile à toute vitesse, déterminée, seule dans le champ de la caméra. Puis, elle croise les premiers passants, et surtout les premiers hommes, tous beaucoup plus grands qu'elle. Désormais, elle fait petite, plus fragile peut-être aussi, plus vulnérable en tout cas. Une scène d'ouverture très intéressante.
Je me souviens aussi de ce joli passage à la brocante, plein de sincérité et d'émotions. Un après-midi qu'elle a décidé de passer en "province", à chiner avec Paul (Antoine Chappey, sosie officiel de Dany Boon), celui "d'après", son amour impossible. Déchirant et vrai. Les personnages se livrent.

une bonne scène
Le film nous raconte cette histoire, ce tâtonnement, ces hésitations, cette culpabilité. Comment passer à autre chose et continuer à vivre sa vie quand on a perdu l'être cher, son repère? Clairement, le personnage interprété et créé par Marilyne Canto a du mal à avancer de ce côté là. Elle fait bien attention à ce que chaque mini-espoir soit étouffé dans l’œuf, comme si c'était interdit. Elle remet en permanence Paul à sa place (en gros, la place du chien) et dans son petit rôle (baise-moi bien et tais-toi). Face à si peu de chaleur, et comme c'est très bien dit dans le film, Paul passe pour un homme patient, compréhensif et méritant ("tu mériterais une médaille"). On le prend gentiment pour un con. Il est juste intelligent.
Petit à petit, ils vont malgré tout se rapprocher, et notamment par l'intermédiaire du fils (pas toujours juste mais on a vu pire), beaucoup plus ouvert à un nouveau départ.

Toutes ces bonnes choses doivent toutefois être nuancées par cette maladresse que l'on palpe ici et là, tout au long du film. Marilyne Canto perd déjà pas mal de temps à montrer l'inutile (les discussions entre le fils et son camarade plus âgé, ses questionnements soudains sur sa religion, la scène de la clarinette trop longue et mal jouée,...). Du temps perdu qu'elle récupère sûrement ailleurs, en épurant au maximum des scènes-clés (le fils qui demande un petit frère sans raison apparente; ou dans le lit, quand elle nous présente Paul avec un "c'est tout ce que je peux te donner"). Des scènes, du coup, abîmées, qui perdent de leur authenticité. Dommage. Il manque aussi peut-être un ou deux seconds rôles de son côté. On y gagnerait certainement en fraîcheur (c'est le cas avec le frère de Paul) et en rythme. C'est juste une idée. 

La scène de fin, très réussie, m'aura en tout cas permis de quitter la salle sur une bonne impression.

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