lundi 10 février 2014

Voie Rapide (Christophe Sahr)

Premier film de Christophe Sahr. Il lui aura fallu dix ans pour en venir à bout, porte à porte. Johan Libéreau, tout à fait dans son élément, joue le rôle d'un jeune crétin amoureux de sa voiture tunée. Évidemment, comme dans un bon épisode de Confessions Intimes, sa copine et sa fille passent toujours après. Il les regarde à peine, ils cohabitent. Il semble enchaîné, pris au piège.

Il survit : pas de tunes, cariste chez Super U, HLM du 91, la totale. Peu d'espoir que ça change (ce n'est pas vraiment une flèche, hein!). Il aime sa voiture, il aime le tuning mais il n'est pas bricoleur pour autant. Là aussi, il dépend des autres. Il est assez passif. Et frustré. Tous ses proches (hormis son meilleur pote mécano) en font les frais. Ils les traite mal, leur parle mal.
Cette vie minable est bien décrite par l'auteur. On est bien installé. On sent le décalage entre lui et la mère de sa fille, par exemple. Une mère accrochée, prête à tout pour le garder (comme lui faire un enfant dans le dos), amoureuse, un peu paumée.

Puis, il y a l'accident. Il renverse un jeune sorti de nulle part. Avec sa belle voiture en plus... Paniqué, et assez classiquement, il fuit. Personne ne l'a vu. Surgissent alors les remords, les angoisses, le stress, la culpabilité, la demi-molle, etc... Il va même jusqu'à retrouver la mère du jeune, pour lui demander pardon (il ira même jusqu'à coucher avec elle, mais ça c'est encore autre chose).
Avant, il était con. Maintenant, il est insupportable. Sa copine prend la petite et se tire. Incroyable. Mais on se demande comment elle avait tenu jusque là... Il se brouille avec tout le monde, multiplie les courses risquées. Il est imprévisible, malade.

Le film propose une vraie ambiance. C'est sombre. Il fait souvent nuit. On est avec eux dans les soirées tuning (la petite fille de deux ans aussi d'ailleurs). C'est sale, pauvre. La misère sociale, brute. On est loin du Boulevard Saint-Germain et de ses mondanités. Johan Libéreau, désormais habitué à ce genre de rôles (Engrenages, Grand Central), fait ça bien. Il fait partie de cette atmosphère. Malheureusement, cela ne suffit pas. Au fond, cette histoire d'accident ne mène à rien et baisse le rythme. Rien de nouveau, rien de touchant. Ça tire plutôt le film vers le bas. Gênant quand on sait qu'il s'agit de l'intrigue principale..
La dernière scène est très réussie. Au moment où les deux "amoureux" se retrouvent enfin : lui a touché le fond (donc c'est le moment d'aller pleurer pour la récupérer); elle, une maman de substitution en puissance, n'attendait que ça. Il se livre, se blottit dans ses bras. Là, c'est la plus heureuse des femmes.

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