jeudi 13 mars 2014

Amitiés Sincères (Stephan Archinard, François Prévôt-Leygonie)

On pouvait s'attendre à une version bis voire discount du Cœur des Hommes. Avec des acteurs quand même bien moins sympathiques, je veux bien l'admettre. C'est moins léger. Par contre, c'est aussi moins frais et on peut facilement décrocher. Car tout ça prend du temps. On tourne autour du pot, plusieurs fois. Peut-être un manque de matière, d'idées, ou juste un problème de format (c'est tiré d'une pièce). Bref, ce n'est pas Le Cœur des Hommes, c'est autre chose. En fait, pour moi, c'est davantage l'histoire d'un mec.



Trois amis d'enfance, très liés, qui ont tous TRÈS bien réussi.
Le premier, Walter (Lanvin), un bon vivant à l'ancienne, est le propriétaire d'un restaurant de plus en plus coté. Il a une fille (Ana Girardot) qui prépare le Grand Oral de Normale Sup. Il l'élève seul et il l'adore. Tout va bien. Sauf que c'est un impulsif doublé d'un possessif. La plupart du temps, il ne pense pas, pas le temps ni les moyens, il ne fait que gueuler. Enfin, "il dit les choses", puis finit souvent par s'énerver. C'est une signature. Ça peut agacer... Plusieurs fois dans le film, on se dit : "c'est un malade"!!
Sinon, son truc c'est qu'il déteste le mensonge. Idéaliste à sa façon (et surtout ancienne victime du mensonge), il considère qu'entre amis et en famille, on devrait pouvoir tout se dire. Pourtant, même s'il fait gentil, il fait surtout peur. Si bien que, dans les faits, beaucoup lui mentent ou lui cachent des choses. À commencer par sa fille, qui n'a rien trouvé de mieux que de coucher avec un de ses deux compères, l'écrivain à succès (Anglade). Rien que ça, tiens. Et on termine par le prof (Yordanoff), reconverti en libraire, et en passe de briguer la mairie du 14ème. Lui, son "secret", c'est qu'il aime les hommes. Ça aussi, Walter l'ignore. Toujours pour la même raison : on aime bien Walter mais ça reste un vieux con.

Donc le film montre ça, ce paradoxe. Ce mec blessé, devenu obsédé par la vérité, qui veut tout contrôler et imposer sa vision, son emploi du temps, ses besoins à tout le monde. Il ne pardonne (plus) rien, il est entier. Pas même à sa femme qu'il a quittée pour presque rien. Il s'est juste senti trahi.
Ce personnage est le seul intérêt du film. Clairement. Les autres font fades et mous, à vrai dire. Il faut dire que Lanvin prend beaucoup de place. D'abord parce que c'est écrit comme ça, c'est son rôle et l'objet du film, hein. Mais aussi parce qu'il a ce charisme naturel et cette tendance à en faire énormément. Sûrement beaucoup trop.
En réalité, seule Zabou Breitman, son ex dans le film, semble pouvoir faire contre-poids. Elle le connaît très bien, elle lui dit les choses, elle le bouscule. Et elle joue bien. Nous spectateurs, on l'écoute comme on l'écoute lui.

Quelques scènes fonctionnent plutôt bien. Quand Zabou bouge une première fois Lanvin. Ça l'énerve, il n'aime pas du tout ça, mais il entend. Il a été touché, on l'espère en tout cas. On le saura vraiment quelques scènes plus loin, quand il démasquera son ami homo. Je pense aussi au passage "mea culpa" chez son ex. Ça, ça marche.
Juste pour finir, un film déséquilibré, pas toujours fin, et plutôt démonstratif. Dommage car, sur le papier, le propos avait du sens et un minimum de profondeur.

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