mardi 11 mars 2014

Quai d'Orsay (Bertrand Tavernier)

La bande-dessinée m'avait bluffé. En faire un film semblait assez risqué, si ce n'est casse-gueule. Bertrand Tavernier a pourtant osé. Pour quel résultat?

On reconnaît les personnages (Cahut, Arthur, Valérie, Maupas, tout ça...). Les acteurs choisis sont conformes, on se sent presque chez soi à feuilleter la BD.


D'abord, pour une fois, je peux dire que j'ai bien aimé ce qu'a proposé Raphaël Personnaz. Peut-être parce qu'il ne fait ici que le minimum et reste assez sobre. Aussi, parce que son rôle demeure un prétexte, une sorte de faire-valoir pour les autres allumés. Peut-être aussi grâce à la légèreté qu'apporte sa partenaire dans le film, Anaïs Demoustier, toujours juste et fraîche. Quoi qu'il en soit, comme dans la BD, ce personnage, pas le plus sexy ni le plus intéressant, a le mérite d'être "normal" car "pas encore atteint". À lui tout seul, il permet en effet de maintenir le récit ancré dans une certaine réalité. Comme une sorte de fil rouge.
Passons à Maupas, le directeur de cabinet, un personnage central cette fois-ci, pour lequel Niels Arestrup a obtenu un César. Une récompense qu'il n'a pas volée tant le personnage de la BD a été cerné. C'est lui, c'est Maupas, le vrai, comme on l'imaginait, avec son calme, sa patience, son implication sans faille, son expérience, sa loyauté, mais aussi son efficacité. De bons passages avec lui.


ça vaudrait un César...

On doit aussi parler de Julie Gayet, évidemment, ne serait-ce que pour évoquer sa nomination surprise aux César. Une nomination invraisemblable, bizarre. Elle fait le boulot, joue bien mais comment trois lignes de scripts et un passage en sous-vêtements peuvent-ils à eux seuls valoir une nomination? Vraiment étonnant.





Bref, passons à Thierry Lhermitte, peut-être le plus attendu au tournant. Un rôle casse-gueule (oui, comme le film). Il s'en sort très bien. Les premières minutes, c'est vrai, il faut s'y faire. Car, évidemment, on s'attend à de Villepin, à sa voix, à son corps, à son teint aussi... Devant la BD, on savait. On l'avait lue paisiblement, sans fournir d'efforts particuliers. Même pas besoin d'imaginer. On suivait l'histoire simplement. Normal.
Bref, très vite, on oublie ce premier tâtonnement. Lhermitte a gagné. Il fait rire, il a saisi l'esprit. J'ai beaucoup ri. Le passage des Stabilo est génial. Pas de nomination pour lui. Les Gallienne (qui a l'avantage anti-concurrentiel de jouer plusieurs personnages) et Dupontel, pour ne parler que d'eux, n'ont pourtant rien proposé de mieux.

L'ambiance de la BD est un peu là. On rit pas mal. C'est agréable. Toutefois, quelques détails ne passent pas forcément aussi bien à l'écran que dans les dessins. Je pense notamment aux claquements de portes, aux feuilles qui volent (même si ça reste marrant), ou aux tchak tchak tchak... Au fond, un seul (gros) bémol : la fin. Dans la BD, le discours devant les nations unies est un moment phénoménal, jubilatoire. J'en frissonne rien que d'y repenser. C'était la suite logique d'un immense travail collectif. L'expression d'une qualité pure, d'une vraie réflexion. Le Ministre prouvait pour la première fois sa supériorité, son temps d'avance. Il éclaboussait l'audience et les lecteurs de son talent, de sa vision. Malheureusement, dans le film, ce passage déçoit, on ne sent pas tout ça. Car c'est trop court. Et sûrement un peu bâclé. Dommage car ça aurait dû être génial. 

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