vendredi 21 mars 2014

Rampart (Oren Moverman)

Ça commence comme un film de David Ayer (End of Watch, Training Day,...). On suit Woody Harrelson, un flic insupportable d'arrogance. Il accumule les vices : violent, raciste, misogyne,... Une vraie calamité.
Il semble tenir ça de son père, un flic de la vieille école. Il touche quelques pourboires mais pas plus que ça apparemment. Non, lui son truc c'est la violence. Physique et verbale. Il intimide. Dans son uniforme et derrière ses grosses lunettes, personne ne peut l'arrêter. Il fait le "sale boulot", lui. Peu importe la méthode.
La journée s'achève. Il rentre chez lui, un quartier résidentiel, calme, loin du champ de bataille. Il y retrouve ses deux filles... et ses deux ex-femmes. Oui, ils vivent tous ensemble, dans une configuration qui, de prime abord mais aussi après, surprend pas mal. Là-bas, il n'est plus exactement le même. Toujours très lourd, bien sûr, mais aussi plus calme, patient et "ouvert". On sent un minimum d'amour, de respect. On ne sait pas trop à quoi ça tient. C'est assez bizarre. Je ne sais pas si j'ai entièrement saisi ce que voulait montrer l'auteur.

Il s'agit donc d'un flic malade et violent. Sûrement triste aussi. En plein scandale Rampart (une histoire de flics ripoux qui a considérablement secoué le célèbre LAPD), il est filmé alors qu'il abuse gravement de la matraque sur un Noir. D'abord un problème supplémentaire à gérer pour les dirigeants, cela se transforme petit à petit en véritable aubaine. Une occasion quasi-unique de faire un exemple.
Lui qui, jusque là, était toujours passé entre les gouttes va devoir batailler sec. Tout le monde lui tombe dessus.

réconciliation ratée
Il ne lâchera pas et va même en rajouter quelques couches. Il sombre totalement. Lâché par ses ex-femmes, foutu dehors, ignoré par ses deux filles, il ne lui reste que ses clopes, sa bouteille et les femmes faciles qu'il croise au bar. Sa descente aux enfers est assez intéressante mais manque souvent de rythme. Ici, c'est clairement un parti pris, une posture de l'auteur. On s'éloigne du côté réaliste des films de (ou écrits par, je précise) David Ayer. Le réalisateur recherche probablement une certaine spiritualité et s'adresse, du coup, à un public peut-être un peu élitiste. Quitte à bâcler (ou trop intérioriser) quelques éléments du récit (intrigues multiples, personnages à peine développés). Ou alors, c'est juste le bordel et donc un problème d'écriture et/ou de mise en scène. Moi, en tout cas, il m'a perdu à peu près là.

J'ai malgré tout apprécié quelques scènes, et notamment celle de la chambre d'hôtel au cours de laquelle il tente désespérément de renouer avec ses deux filles (dont Brie Larson) en leur offrant un soda. Pathétique. Pareil, quand sa plus grande fille, plutôt hostile, lui rend visite à son boulot, pour voir. Là aussi, c'est un ratage total.

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