dimanche 20 avril 2014

La Vénus à la Fourrure (Roman Polanski)

Sacré meilleur réalisateur à la dernière cérémonie des César, Roman Polanski était parmi les plus surpris. Face à Kechiche et La Vie d'Adèle, il est vrai que les autres nommés faisaient figure de sparring-partners. J'étais curieux de savoir à quel point le scandale était consommé...

Mathieu Amalric joue le rôle d'un metteur en scène empêtré dans les castings. Il recherche désespérément une actrice capable de tenir le rôle principal de sa pièce "La Venus à la Fourrure", une libre adaptation du roman éponyme écrit par Léopold von Sacher-Masoch à la fin du 19ème siècle. Un livre érotique, présenté comme misogyne, dans lequel l'auteur allemand évoque librement ses fantasmes et son vécu masochistes. Un soir de pluie, Emmanuelle Seigner débarque au théâtre, alors que le metteur en scène, fatigué de sa journée et usé par tant de médiocrité, s'apprête à mettre les voiles.

Elle, est prête à tout pour être vue et entendue. Elle veut le convaincre et être prise. Elle pense sincèrement qu'elle est la comédienne parfaite pour le rôle, et ce malgré sa vulgarité apparente.
Lui, veut juste rentrer chez lui, retrouver sa fiancée, manger ses sushis et oublier une journée pesante. Un huis-clos se profile assez vite, comme dans Carnage. Sauf qu'ici c'est mieux, plus discret, plus fin et surtout plus crédible. En réalité, on oublie même qu'il s'agit d'un huis-clos. C'est fluide, ça tient la route. La mise en scène est remarquable. Une main de maître. Invisible.



Emmanuelle Seigner est bluffante. D'abord vulgaire, telle un tapin à deux euros, puis douce et précise sur la scène. Le metteur en scène tombe des nues (Mathieu Amalric est génial dans cette scène). Nous aussi. Une vraie bonne surprise. Elle passe d'un état à un autre, quasiment sans prévenir. C'est vif, rythmé à souhait. Un coup cas social version Confessions Intimes, un coup déesse enviée. Elle fait les deux à merveille. Un personnage riche, peut-être même le plus intéressant de sa carrière. On sent que le réalisateur tient à elle. Il lui donne tout : belle, sexy, érotique, sensuelle. Mais aussi critique, militante, indépendante. Elle donne beaucoup et semble y prendre beaucoup de plaisir.


Face à elle, Mathieu Amalric est tout aussi irréprochable. Toujours juste, quasiment habité, il est impressionnant. Un duo parfait, puissant et adapté, au service d'un récit assez passionnant, entre La Dame aux Camélias et un pamphlet féministe, le tout agrémenté de quelques scènes d'une puissance érotique et malsaine assez inédite. Les personnages évoluent, les situations s'inversent, le pouvoir passe d'une main à l'autre, le tout en un rien de temps et sans que l'on tique.
Un bon film. Un bon réalisateur. De très bons acteurs. Une belle surprise.

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