mercredi 2 avril 2014

Les Acacias (Pablo Giorgelli)

Un film minimaliste très intelligent.
Un bûcheron argentin, venu couper quelques acacias au Paraguay, grimpe dans son camion. Le chantier est terminé. Il s'apprête à rentrer chez lui, à Buenos Aires. 1500 kilomètres à avaler, la routine. Mais pour une fois, il ne sera pas seul. Son patron lui a en effet demandé de prendre une femme et son bébé avec lui. Pour dépanner.

Un effort pour lui, clairement. C'est un homme seul, pas mal esquinté par la vie. Pas le genre à faire la conversation. Elle, est plus chaleureuse. Et pourtant, elle élève seule son enfant et semble fuir un peu plus que la crise. À Buenos Aires, elle doit retrouver sa cousine. Peut-être un nouveau départ.

Le voyage est long. Au départ, comme on pouvait s'y attendre, les échanges sont rares. Puis de moins en moins. Ils s'apprivoisent et s'ouvrent un peu. Le bébé aide beaucoup. C'est l'intermédiaire parfait.

Cette progression, très subtile, est l'intérêt principal du film. Elle est là, sous nos yeux, discrète mais réelle. Elle est là : dans les regards, les attitudes, les silences. Très vite, on la sent impliquée, intéressée. Elle se tourne vers lui, souvent, elle cherche son regard, elle réclame. Elle veut qu'il la voie. Lui, doit certainement la voir faire, du coin de l’œil, on le sait. Mais il éprouve quelques difficultés à lâcher quoi que ce soit, il préfère intérioriser. Sûrement pour se préserver. Ou parce que, de fait, il s'agit là d'une situation inhabituelle, d'une possibilité à laquelle il avait peut-être déjà renoncé.



Pourtant, il l'aime bien, et ça se voit de plus en plus, bien malgré lui.
Il fait des efforts, il s'ouvre, parle même de son fils qu'il connaît à peine, s'attache au bébé, devient galant et presque chaleureux.
Désormais, il ne veut plus penser à l'arrivée. Il n'arrive plus à s'imaginer sans elle. Pas déjà.
La conclusion, quand les deux se livrent, est magnifique. Une vraie récompense pour celui qui aura su être patient. On prend alors conscience du talent qu'il faut pour arriver à montrer ça. Je pense à la gestion des temps morts, à un certain sens du rythme (si si) mais surtout à la très grande finesse du réalisateur. Un film simplement beau.



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