vendredi 23 mai 2014

Mon Âme par toi Guérie (François Dupeyron)

Un film dont l'ambiance et le ton ne peuvent laisser indifférent. Cette musique et ce soleil omniprésents. C'est chaud, accueillant et rassurant.
Fredi (Grégory Gadebois) est un mec simple, un peu taiseux; comme son père, veuf depuis peu. En partant, sa mère lui a transmis son don. Il a des mains d'ange : chaudes, bienveillantes, capables de guérir. Il sent les choses, entend des voix, "voit ce que les yeux ne voient pas". Seulement, lui, il n'en veut pas. Il ne souhaite même ni en parler ni y penser, si bien que lorsqu'une voisine appelle à l'aide pour son gamin, il s'excuse puis disparaît, comme un sauvage. Il n'est pas prêt. Il lui manque un déclic.

Plus tard, dans des conditions tragiques, il n'aura plus le choix. Un chien traverse la route à toute allure, poursuivi par son jeune maître. Il fait nuit, Fredi est à moto, fatigué. Lancé, il ne voit le chien qu'au dernier moment. Il tente de l'éviter, y parvient, mais chute et percute le crâne de l'enfant au passage. Fredi n'a rien, pas même une égratignure. Le gosse, lui, est dans le coma. Quoi qu'il arrive, sa jeune vie est bousillée.
Fredi s'en veut et oublie alors tous ses principes. Il se dit qu'il peut faire quelque chose; sa mère et son père le lui ont toujours dit après tout. Il le touche et tente de le sauver. Il ne pourra rien faire cette fois-ci, malheureusement. C'est trop gros, et bien trop tard. Il fera ses gammes ailleurs, et plus détaché...
Depuis toujours "à côté de la vie", désormais il s'ouvre aux autres, les aide, les écoute. Il accepte son pouvoir et tout ce qui va avec. Il change beaucoup. Il fait moins peur et gueule moins. Il s'adoucit, se rapproche de son vieux père (Jean-Pierre Darroussin) et de sa fille. Il les découvre, en réalité. Il gagne en aplomb et envisage même l'amour.


Bref, ce don change sa vie d'abord parce qu'il lui donne une consistance. Il est en confiance, retrouve des valeurs et dégage une vraie tendresse. Quand il expose ses projets de vie à sa voisine ("j'aimerais dire je t'aime à une femme, j'aimerais"), elle fond, conquise jusqu'au bout des ongles. On y croit. Il attire. C'est un mec bien, qui cherche et voit la sensibilité des autres, et pas seulement parce qu'il en a accepté le don. Il est naturellement bon et semble né pour donner. Il donne beaucoup, de plus en plus même. Mais il veut plus, il veut de l'amour, dire je t'aime.


La deuxième partie du film se consacre à la relation chaotique qu'il entretient avec une femme alcoolique paumée (Céline Sallette). C'est moins frais, moins prenant. On ne comprend pas pourquoi il s'accroche à elle à ce point. Moins bien.
Le film reste beau et très agréable. La musique, le grain, le découpage : ça fonctionne. On s'attache à lui, il joue très bien, dans le ton. Jean-Pierre Darroussin est lui aussi très touchant. Les scènes lors desquelles ils se retrouvent sont à ce propos très réussies.

Musique de fin :



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