samedi 24 mai 2014

Préparez vos Mouchoirs (Bertrand Blier)

Oscar du meilleur film étranger en 1979.
Après Les Valseuses, Bertrand Blier réunit une nouvelle fois Gérard Depardieu et Patrick Dewaere.
Là encore, il s'agit de situations rocambolesques, improbables et, de manière générale, assez peu crédibles. Quasiment chaque scène renvoie à un fantasme... Les détails sont évacués, on en vient tout de suite (et toujours) au fait. Les personnages sont francs, directs, sans gêne. Ils s'écoutent quasiment tous parler. Ils parlent beaucoup d'ailleurs. On se croirait au théâtre. Chez Blier, on ne se dit pas bonjour, pas le temps, on passe tout de suite à une question délicate. Les inconnus n'en sont pas. Tout le monde est abordable, et de bonne composition. Il n'y a pas de cloisons, ni de fioritures. C'est une facilité et cela suppose certainement moins de profondeur, mais c'est un principe de travail, et il faut s'y faire, sans quoi on peut clairement passer à côté du film.

Raoul (Depardieu) désespère de voir Solange (Carole Laure), sa jolie femme, retrouver le sourire. Il a beau lui parler, la questionner et tenter des choses, rien n'y fait. Personne ne sait ce qu'elle a, ni ce qu'elle semble couver, pas même les docteurs. Un mystère apparemment lié au fait qu'elle n'arrive pas à tomber enceinte. Mais comment en être certain alors qu'elle ne dit rien?


Au cours d'une première scène complètement dingue, Raoul, démuni et impuissant, prend le taureau par les cornes et décide de confier sa femme au premier mec intéressé qui passe, Stéphane (Dewaere), un prof de sport amoureux des livres et de Mozart. Le barbu à lunettes accepte, évidemment. Quand on peut aider, hein... Ils font ménage à trois, elle passe d'un partenaire à l'autre, malheureusement toujours sans broncher. Un zombie, qui subit la vie, entre deux tricots. Passive, taiseuse, elle est là, fait le ménage, mais on l'oublie.
L'aventure fait un flop, rien n'a changé. Entre temps, les deux amants sont juste devenus amis et peuvent compter l'un sur l'autre. On les sent unis à la vie à la mort. Deux désespérés dans la même galère! On pense aux Valseuses, c'est vrai.

Plus tard, le voisin (génial Serrault), bien que plus âgé, s'y met aussi, plus ou moins contre son gré. Une fois habitué aux deux zozos et désinhibé, cet amateur de Pastis va en effet sérieusement les bousculer ("Faut pas rester là comme des cons à attendre, creusez vous les méninges!"). Il souhaite qu'ils agissent vraiment et qu'ils sauvent la triste de sa déprime.


Banco! Bougés et remontés, ils décident d'emmener "sourire d'Avril" en colonie de vacances, histoire de la sevrer. Là-bas, au contact d'un jeune surdoué de treize ans, Solange va littéralement se métamorphoser et retrouver goût à la vie. Quand ce gosse est là, on la voit sourire, pleine de joie et d'entrain. Ils tombent même amoureux...

Oui, le film part dans tous les sens et va là où on ne l'attend pas forcément. On a été prévenu dès la première scène, de toute façon. C'est jamais crédible, rarement sain, souvent exagéré, mais on s'accroche, juste pour voir. Les scènes sont folles, souvent drôles; elles marchent plutôt bien. Depardieu se lâche, virevolte littéralement, tandis que Dewaere, plus humble mais tout autant dans le coup, maintient l'ensemble à flot. L'équilibre est quasi-parfait. Un film libre, sur la liberté. Une tranche de vie sans doute rêvée par Bertrand Blier. La critique d'une société bornée et réac (dans un tel contexte, la moindre personne normale passe pour un vieux con). On frise les extrêmes et la caricature, mais ici c'est agréable.



De bonnes scènes 

La première série dans le bistrot, bien sûr (à visionner sur Youtube), mais aussi la tirade de Dawaere (sur Youtube aussi) sur son "seul pote" Mozart, Serrault qui s'énerve ("Remuez-vous le cul, putain!"), les petits-suisses, la première nuit entre le gosse et Solange, Serrault qui bosse pour l'IFOP, la fin.

La réplique du film (à laquelle on pense tout le temps et qu'on attend) :


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