vendredi 2 mai 2014

Vincent, François, Paul et les Autres (Claude Sautet)

Après Un Mauvais Fils, il s'agit là de mon deuxième film signé Claude Sautet. Je poursuis mon rattrapage. J'aime toujours autant le style et les gueules qu'il emploie : Yves Montand, Gérard Depardieu, Michel Piccoli et Serge Reggiani, cette fois-ci; mais aussi  les femmes qu'il montre, toutes plus belles les unes que les autres : Stéphane Audran, Marie Dubois, Antonella Lualdi ou encore Catherine Allégret, pour ne citer que les plus en vue.
Les premières séquences rappellent Ne le Dis à Personne de Guillaume Canet, manifestement très fan de ce réalisateur : la campagne, les amis, la bonne bouffe, le bon vin, les sourires. Sûrement de beaux souvenirs qui se créent. La belle maison appartient à Paul (Reggiani), un écrivain en panne d'inspiration. Il y convie régulièrement ses meilleurs amis : Vincent, François et Jean; et tout ce qui gravite autour : femmes, enfants, pièces rapportées diverses. Une pause salutaire car, une fois achevée, tout ce beau monde rejoindra la vraie vie...

Vincent (Yves Montand) est le plus visible des quatre, c'est celui qui a toujours réussi, l'idole de tous (son ex-beau-père le dit très bien : son seul prénom suffisait à susciter la confiance et l'admiration). Seulement, depuis que Catherine (Stéphane Audran), sa femme, l'a quitté, il végète et, mine de rien, laisse filer tout ce qui faisait son panache : son entreprise, autrefois florissante, accumule les dettes tandis que Marie, la jeunette resonsable de l'éviction de Catherine, commence sérieusement à s'ennuyer. Même le cœur ne tient plus, c'est la fin des haricots, la "débandade dans les gorges".

Magnifique Stéphane Audran...
François (Piccoli) est peut-être le plus posé, bien au chaud dans son cabinet. Il est docteur. Mais, lui aussi, vieillit mal. Il délaisse littéralement sa femme et ne la fait plus du tout vibrer. Il ferme même les yeux sur le nombre incalculable de liaisons qu'elle entretient. Un couple en fin de vie, et ce malgré les enfants. Des enfants qui, de manière générale dans le film, ne comptent pas. On les voit rarement, on n'en parle quasiment pas. Au mieux, ils servent de prétexte à une dispute (le feu); et le reste du temps, on se réjouit d'avoir pu les caser chez des copains pour le week-end.

Paul est le plus chanceux des anciens. Sa femme rayonne et tous les deux s'aiment à la folie, et ce malgré les années. Il manque un peu d'inspiration, c'est vrai, mais ne semble pas s'en faire une montagne. Ça va passer. Sa femme est une épaule.


Et puis, il y a Jean (Depardieu, dans l'un de ses premiers rôles), beaucoup plus jeune. Il bosse pour Vincent. Sa femme est enceinte, c'est le début de la vie pour lui. Il se cherche un peu. Mécanique/Boxe, son cœur balance. Son premier vrai combat lui permettra d'y voir un peu plus clair. Un combat prenant, viril et magnifiquement filmé, que ce soit sur le ring ou dans les tribunes (l'asymétrie entre les rangs du même camp : les fervents enragés s'opposent aux calmes et anxieux). Un combat qui fera parler, surtout avant, et qui révèlera quelques fissures.

Le film est intéressant parce qu'il témoigne avec finesse d'une sorte de basculement (dans un sens comme dans l'autre). Les plus solides et respectés lâchent prise. Bien que quinquagénaires, Vincent, François et Paul semblent en effet connaître leurs premiers vrais échecs. Ils sont mûrs (pas de crise de jalousie ici, on ne se demande pas pour qui elle est partie, mais plutôt pourquoi...) mais découvrent encore la vie, sa fragilité, et quelques fois aussi sa grande cruauté. Le plus jeune, quant à lui, avance et fait ses premiers vrais choix. On aime imaginer la suite, les rebonds éventuels, les surprises. Un propos universel, juste et presque intemporel.



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