mardi 10 juin 2014

Une Autre Vie (Emmanuel Mouret)

En plus d'être une vraie beauté, Aurore (Jasmine Trinca) est une pianiste virtuose. Elle est riche, triomphante, mais commence à fatiguer et à se lasser. Jusque là, sa vie ne se résume en effet qu'à du travail et pas mal de sacrifices.

Suite au décès de son père, elle retourne en Provence, dans la maison familiale : pour le deuil, les souvenirs, mais surtout pour se reposer et faire le point. Là-bas, elle croise Jean (Joey Starr), un ouvrier de passage. Ils vont tomber amoureux.

Emmanuel Mouret change de registre. Il nous propose une histoire d'amour compliquée, dramatique et déchirante. La pianiste est libre, recherche l'amour, et semble n'avoir besoin que de ça pour aller mieux et retrouver le goût de la musique. L'ouvrier, quant à lui, est séduit, tenté, puis amoureux, mais il n'est pas seul. Une histoire d'amour plus ou moins crédible. Elle est douce, gracieuse, intelligente, passionnée. Il est simple, peu cultivé, sans ambition. Opposés mais liés. Déjà vu mais attirant.


Problème principal : Mouret a fait le choix contestable de dialogues très (mal) écrits et sans saveur. Peu importe le milieu des uns et des autres, ils parlent et articulent tous très bien. Le choc des cultures n'a effectivement pas vraiment lieu, ou alors il se limite aux fringues de chacun. La vendeuse de chaussures aime les boucles créoles et le cuir alors que la célèbre pianiste préfère les chemisettes et la soie. L'ouvrier raffole des polos, plus que l'agent (et frère de la star) en tout cas, lequel ne porte que des costumes. À côté de ça, ils sont aussi polis les uns que les autres, ne crient pas, ne s'énervent pas, même lorsqu'il s'agit de situations conflictuelles et tendues. Quelques réactions primaires oui, mais jamais dénuées d'intelligence. Ça ne tient pas...


Joey Starr, en tombeur provençal, fait ce qu'il peut mais n'arrive jamais à faire oublier son physique et son image trop marqués pour un tel rôle. Il a cette voix grave, abîmée par la fumette. Il a ce regard énervé, blessé. On le sent freiné, muselé, enfermé dans un personnage qu'il rejette. Physiquement au moins, Joey Starr ne peut pas avoir le passé si simple de Jean, son personnage. Une erreur de casting.
Le meilleur rôle, sur le papier, revient à Virginie Ledoyen, en femme cocue prête à tout pour garder son mec. Malheureusement, elle surjoue la plupart du temps, bien aidée par un texte indigeste. Ses scènes tombent à l'eau. Jasmine Trinca, enfin, triste, douce comme un bon miel, semble moins à la peine et davantage en phase avec l'idée originelle. Trop seule et pas assez forte.
Un film très décevant.

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