mardi 8 juillet 2014

Un Beau Dimanche (Nicole Garcia)

Baptiste (Pierre Rochefort), c'est Victor Novak en plus réservé. Il ne se mêle de rien, reste mystérieux, distant. On ne sait pas pourquoi mais il préfère passer d'un village à l'autre. Il semble fuir la moindre attache, le moindre lien durable. Il fait bien son boulot, il arrive même qu'on lui propose de rester et de se fixer quelque temps. Il refuse toujours; il le dit : il tient trop à cette liberté.

Sur le point de changer de ville et de quitter une nouvelle fois sa classe, il se retrouve coincé tout un week-end avec l'un de ses élèves. Un pauvre gosse balloté entre un père queutard soumis aux gonzesses débiles qu'il fréquente et une mère constamment en galère, et dont le rapport à l'argent ressemble à une malédiction.
Pas timide, le gosse demande à son tuteur de fortune de l'emmener à la mer. On saura plus tard que c'est là que bosse sa mère (Louise Bourgoin); elle est serveuse dans un restaurant de la plage. Baptiste et la serveuse, réunis par un vrai concours de circonstances, ne vont pas trop se parler, mais vont tout de même s'attacher l'un à l'autre. Deux être blessés.

Baptiste est un personnage très intéressant. Son côté énigmatique est très bien montré par Nicole Garcia. L'acteur, Pierre Rochefort, sait où il va et propose quelque chose d'assez étourdissant, même pour le public masculin hétéro. Il est beau, en effet, mais pas que. Il a cette présence, cette profondeur, cette nonchalance, cette diction. Un acteur très intéressant. Le rôle est joli, assez complet.


Le rôle de la maman-serveuse, malgré Louise Bourgoin (très naturelle), est moins dépaysant par contre.
Par ailleurs, le film perd un peu en intensité à partir du moment où Baptiste retrouve sa famille, même si quelques passages au château sont assez bien vus (la mère, Eric Ruf, le premier repas et la tension qui s'en dégage).
Le rapport à l'argent et la place du père (très directif a priori) sont les deux thèmes dominants. Deux thèmes néanmoins traités avec plus ou moins de finesse et de réussite. Baptiste, après avoir passé sa jeunesse dans le moule de la réussite bourgeoise, a craqué et refusé une vie de rentier toute tracée par un père et un milieu. Choqués, ses proches l'ont fait enfermer. Il y a des ratés dans l'habitus. Un traitement radical qui ne l'aura pas "guéri". Il fait tout pour oublier d'où il vient : d'abord de manière extrême en survivant (à quand un vrai film sur les piches à clébards???), puis via son boulot modeste, sa modération générale et les gens qu'il fréquente (piches, déshérités).

Au final, un film attachant, intriguant, mais qui manque peut-être de profondeur, surtout dans sa partie centrale, dans laquelle sont abordées les origines du mal être. Un peu de déception du coup.

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