vendredi 8 août 2014

Prêt à Tout (Nicolas Cuche)

Ce film a un côté sympa, léger et assumé (enfin, je crois). Max Boublil (toujours aussi fluide, à défaut de faire intelligent) et les seconds rôles apportent beaucoup. Un peu selon le modèle américain, ces derniers sont là pour tenter de faire oublier le côté très classique et formaté de la trame. Ici, c'est le mensonge intéressé.
Mentir pour ne pas blesser, mentir pour contourner un obstacle, mentir, mettre les gens devant le fait accompli, et espérer que ça passe. Ces mensonges sont un symptôme. Ils révèlent une faiblesse, un manque de personnalité et d'assurance.
Le mec, Max, est un branleur, sans talent, sans réel charme ni charisme. Il ne sait rien faire de ses dix doigts. Coup de chance, deux de ses amis ont eu la gentillesse de l'embarquer dans un projet osé et novateur : la création d'un site de rencontres pour mères célibataires. Ça marche fort et, huit ans après leurs misérables années fac, ils sont tous les trois millionnaires.
Max n'est plus un loser, on peut dire qu'il a réussi... Il a beaucoup d'argent et compte bien s'en servir pour conquérir une ancienne camarade de fac qui, à l'époque, l'avait plutôt bien rembarré (pour les raisons citées plus haut).


Il va donc s'acheter un mensonge en or. La fille, Alice, travaille dans une usine dans un état critique. Bingo, il rachète l'usine, incognito, sans réel plan, juste la volonté d'être près d'elle. Il se fait embaucher et fait en sorte que le reste des ouvriers (et notamment Alice) croient qu'il fait bouger les choses par son engagement. En effet, il gueule, râle, se fait entendre et bouscule les habitudes de tout ce petit monde : cantine de luxe, massages entre midi et deux, pauses, viennoiseries le matin, crèche sur place gratuite. Il est à l'origine des mouvements (ouvrier revendicateur donc) et à la conclusion : il met la main au porte-monnaie et finance la moindre faveur. Il ira même jusqu'à racheter les stocks.
C'est bien beau mais, encore une fois, ce mensonge est un symptôme : le mec est clairement idiot, il ne réfléchit jamais et choisit toujours la facilité (l'argent).


Bref, la vraie limite du film, évidemment, est son scénario cousu de fil blanc. Dès le départ, on sait que son mensonge sera découvert (c'est tout le temps comme ça). Le seul suspense renvoie à la forme de l'aveu (rien de spécial ici). Dès le début également, on sait que les gens abusés lui en voudront avant de le porter en héros. On sait tout ça et, malheureusement pour nous, le metteur en scène n'arrive pas à cacher sa main. On le surprend plusieurs fois en train de gagner du temps grossièrement (il veut tout lui avouer mais elle ne le laisse pas parler), en train de broder. Et on se lasse même des seconds rôles, trop peu étoffés en fait.
Et puis, il y a ce non-sens : à la fin, les gens disent qu'il a fait le bien autour de lui, sans en profiter. Or, c'est tout l'inverse. Chaque faveur obtenue de la direction, c'est son nom qu'on citait. Il se faisait mousser, tout le temps. Il faisait ça pour lui, pour son objectif, pour avoir cette fille. Bref, cette fois-ci en tout cas, si tout le monde l'avait rejeté sans se retourner, ça tenait la route.

Une comédie plutôt bien portée par ses acteurs (Boublil, Maïga) mais totalement prévisible. Scénario formaté, manque de crédibilité, situations trop attendues.

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