lundi 13 octobre 2014

Coldwater (Vincent Grashaw)

Comment ne pas penser à Dog Pound de Kim Chapiron? Par contre, attention, ici, le héros est beau (il ressemble même beaucoup à Ryan Gosling) et malin (pas avant la seconde demi-heure, par contre). Plus calme, moins primaire, il prend le temps d'observer, tranquillement, il prépare quelque chose. C'est vrai qu'il a l'air moins atteint aussi. Un détail qui doit jouer, c'est sûr.
Brad Lunders (P.J. Boudousqué) deale un peu, mais rien de méchant. Ça paie le sel, quoi. Il est beau, n'a plus son père, met des trempes aux grandes gueules et bosse au garage du coin. Tout va à peu près bien. Après un accident dont il est le responsable indirect, sa petite amie ("She was beautiful") décède. Il décide alors de laisser tomber son petit business et de repartir sur de bonnes bases. Il a l'air sincère. Pas de chance, c'est à ce moment là que sa mère se réveille et décide de l'envoyer dans un camp de redressement très réputé (peut-être parce que le courant ne passe pas avec le beau-père, qui sait?).
Bref, il part à Coldwater. Ce n'est pas une prison car on ne sait pas quand on en sort. Rien n'est joué d'avance. En général, la commande des parents est claire : ils ne veulent récupérer leurs gamins que lorsqu'ils seront guéris (comprendre "calmés"). Comme un renoncement.


Ces jeunes, dont les délits sont plus ou moins graves (tout dépend de la patience dont ont fait preuve leurs parents), se retrouvent à la campagne, encadrés par des malades mentaux, sadiques et violents. Ils les font souffrir, courir, ils les battent, les humilient, les "dressent". Ne jamais déconner avec ces mecs car ils te le feront à coup sûr payer très cher (coups de matraque en pagaille, aiguille sous les ongles, menottes, régime sec,...). Le système est simple : tu t'écrases et tout ira bien. Tu la fermes, tu fais chier personne, tu coopères avec les matons (certains sont dits "trusty" et nommés "admins") et on te laissera partir. Mieux encore, si on considère que tu en as les épaules, tu auras même peut-être la chance de bosser là-bas, en tant que maton cette fois-ci. Très sain.

Brad, le héros, va passer par tous les états. D'abord révolté, naïf et gentil, il tentera de s'évader pour aller tout raconter au shérif du coin. En vain, manque de preuves ("They won't say shit, cauz' the moment you leave, they'll get beat for it"). Puis, après avoir subi une correction en règle, il tentera quelque chose de plus fin, de plus réfléchi. À la sournoise, il tentera de jouer avec le système.


Le film insiste beaucoup sur la violence et sa reproduction. De ce point de vue là, le rôle de l'admin est très intéressant. Il est fragile et soumis. On ne sait pas s'il a toujours été comme ça ou si, comme Brad, il a choisi de s'écraser pour conserver une chance de partir. En tout cas, on serait bête de ne pas au moins se poser la question et de le réduire à une balance, à l'ennemi de notre héros. Au fond, ce n'est qu'un gamin qui a peur. Il n'est pas dur du tout, il fait ce qu'il peut. Pourtant, une fois sauvé, il ne quittera pas le camp et deviendra maton. Pas pour donner une meilleure image à la profession non, juste pour se soulager un peu. Un système destructeur. Des gardiens fous qui ne sauvent ni recadrent personne. Ils en font des monstres, les détraquent un peu plus. Tout cela n'est pas naturel, bien évidemment. Ces pauvres types sont paumés et ne tiennent que grâce à l'alcool ou la drogue. Faut au moins ça, hein.
Un système et un renoncement dénoncés, un acteur sympa, quelques maladresses (parfois léger et caricatural), mais un bon film.

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