mercredi 8 octobre 2014

The Homesman (Tommy Lee Jones)

Un film à l'ambiance assez particulière, lente et tiède, une belle musique aussi, soignée. Les dialogues sont rares, remplacés par des scènes-clés, des regards qui en disent long, des soupirs et par toute cette tristesse dont les yeux de tous ces paumés sont remplis. Car oui, on croise de tout dans ce film : des folles, des frustrées, un sociopathe, des ordures, beaucoup de mal baisées.
Ils semblent différents mais ne le sont pas vraiment. La frustrée (Hilary Swank), par exemple, est sur le point de devenir folle, désespérée car incapable de trouver un mari. On la dit rude et autoritaire. Elle l'est, mais ne voit pas ça forcément comme un obstacle. Les hommes, si ("Miss Cuddy. I appreciate the offer, the supper, the concert and all. But i cannot marry you, will not, won't. I ain't perfect but you are too bossy and too damn plain").
Du coup, elle vit seule, cultive ses terres, parle à ses chevaux, gagne sa vie, se débrouille. Elle attend quelqu'un, que la chance tourne enfin. Elle a 31 ans, a du charme, des seins, une situation, mais enchaîne les râteaux, inexorablement. Elle commence à s'inquiéter, sérieusement même. Le dernier râteau (en date), elle décide de l'éponger en se portant volontaire pour accompagner trois femmes que le destin n'a pas gâtées. Les pauvres ont été maltraitées et/ou violées par leurs maris et ne sont pas parvenues à surmonter ces traumatismes. Des bébés ont été sacrifiés, des vies bousillées, elles sont devenues folles, comme possédées.


Elle doit les mener jusqu'à un presbytère, de l'autre côté du pays, dans l'est. Là-bas, on s'occupera d'elles, on les traitera bien il paraît. Un voyage dangereux et long. On a l'impression qu'elle attend beaucoup de ce périple, elle semble même un peu espérer la mort (elle a un peu renoncé quand même). Sur la route, elle croise un sociopathe (Tommy Lee Jones), qu'elle sort d'une situation bien mal engagée. En guise de remerciement, il lui promet de l'accompagner. Il le fait à sa façon (il est assez con et plutôt rustre : «  My name is Mary Bee Cuddy » « Where is M. Cuddy ? »).

Le voyage maintient ce rythme assez particulier. C'est assez lent, avec quelques bonds tout de même, comme quand il se met à danser et chanter autour du feu, comme un Indien de là-bas. Dès lors, les quatre filles, dont la galère commune commence à se dessiner, ne veulent plus le lâcher. Elles ont vu son bon fond, elles s'attachent, elles n'ont que ça sous la main de toute façon. Mary lui propose même un mariage, elle n'a pas le trac, elle en a essuyé des refus. Il est un peu gentil mais il refuse, elle fait trop peur. Elle se pendra, du coup, malgré une petite cartouche « gracieuse » (et discutée) récoltée au coin du feu. Et là, le film s'envole, s'allège et commence à briller.


L'ancien barjot, aigri et macho change son fusil d'épaule. Il regrette même cette Mary. Cette petite rédemption est intéressante, à défaut d'être très fine (tout va très vite). Elle met en valeur ceux qui restent. Elle pointe du doigt nos comportements face à la mort ou à la perte : on idéalise les gens, on ne retient que le positif, et ce au nom de la peine et de la douleur. On leur crachait dessus lorsqu'ils vivaient, peut-être oui, mais on les encense et les regrette dès qu'ils passent l'arme à gauche. On leur trouve alors toutes les excuses, toutes les qualités. C'est ce qu'il convient de faire, évidemment, c'est bien vu, c'est même poli et respectueux. Mais qu'est-ce que ça vaut, hein ? Après, si ce n'est pas de la politesse mais juste un déclic, c'est juste dommage qu'on ait besoin d'un drame pour agir, qu'on ait besoin d'atteindre l'extrême pour se réveiller et prendre conscience de la valeur des choses.


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