dimanche 13 avril 2014

De Toutes Nos Forces (Nils Tavernier)

Sacré Jon Favreau... C'est vrai quoi, sans ce rabat-joie, on aurait peut-être eu la chance de découvrir cette bouse sous le nom de Iron Man, comme le nom du triathlon mythique auquel un père et son fils handicapé décident de participer, et ce sous le même numéro de dossard.
Belle idée, bel élan, beau pitch, mais un titre de téléfilm. C'est dommage, mais cohérent avec le fond.

Un résultat en effet frustrant, et ce pour plusieurs raisons :

- Parce que ce n'est ni plus ni moins qu'un recyclage de deux gros ratés 2013 : En Solitaire et Belle et Sébastien. Deux films niais, s'il était nécessaire de le préciser.
On mise la moitié des jetons sur l'exploit sportif, l'épreuve, et le dépassement de soi; en partant du principe qu'il s'agit là de facteurs d'ouverture, bons en soi, révélateurs d'une certaine humanité, et surtout capables de nous tirer quelques larmes.
L'autre moitié est réservée aux décors (montagne, mer, peu importe tant que c'est beau) et à la musique (Zaz ou Sigur Rós demeurent des choix intelligents), toujours utiles.

- Les auteurs ont fait preuve d'un réel manque d'inventivité, et notamment pour ce qui concerne le rôle de l'enfant handicapé. Il est là souvent mais, manquant de munitions pour s'exprimer, n'existe pas tout à fait. Comme si les auteurs, pris de pitié, avaient choisi de l'épargner et de ne lui demander que le minimum : quelques gestes, quelques mots. Il fait fade. Du coup, les échanges sont constamment déséquilibrés et certaines scènes tombent à plat. Manque de chaleur, et de percussion aussi. Assez étrange. Peut-être aurait-il fallu donner le rôle à quelqu'un d'autre. À un acteur par exemple, voire à son pote rouquin (voir plus bas).


- Deux des meilleurs acteurs français du moment, Alexandra Lamy et Jacques Gamblin, bien que justes et profondément beaux, ne sont pas respectés. L'auteur, qui a fait le choix fainéant du démonstratif, du raccourci et de l'explicite, multiplie en effet les scènes très courtes, juste quelques secondes, à peine le temps de caser deux répliques et un regard. Elles se suivent et s'empilent. Une scène = un point important. Un manque de fluidité évident.

- Les seconds rôles relèvent soit de l'inutile et du superficiel (la sœur hipster, le pote pompier) soit empiètent sur les premiers (le pote rouquin de Julien, plus vif et mieux servi, sûrement parce qu'il n'est pas vraiment handicapé (voir 16 ans ou Presque)). Bizarre, encore.


- Tout ce qui, sur le papier, est intéressant est au mieux survolé : sacrifices, les conditions critiquables de la rédemption et du rapprochement (un caprice, une fugue, de la pitié, le sport), le FOND du problème (un fils "raté"), l'avis des autres, etc...

Bref, je n'en retiendrai que deux choses : la beauté et la finesse des acteurs principaux (Jacques Gamblin est terrassant lorsqu'il prévient son fils qu'il n'est pas question d'échouer) ainsi que la musique de Sigur Rós.

1 commentaire:

  1. Je suis plus nuancée. Film moyen. Personnages manquant d'épaisseur. A.L ne m'a pas convaincu en mère courage.

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